UN METIER, UN RÊVE – Il est au cœur du jeu mais doit savoir rester discret. Pourtant, ses décisions peuvent changer l’issue d’un match et parfois provoquer d’énormes polémiques. L’arbitre de football professionnel, souvent critiqué, exerce sa profession devant des milliers de personnes. Le Figaro vous donne tous les détails sur ce métier, grâce notamment au témoignage de Clément Turpin, arbitre international français.

Nombre de jeunes aspirent à devenir footballeur professionnel, mais très peu se penchent sur la profession d’arbitre. Un métier souvent sous le feu des projecteurs, mais pas pour les bonnes raisons. Les arbitres ont de grandes responsabilités, et par conséquent ils sont très critiqués et régulièrement remis en question, Si bien qu’on ne sait pas vraiment comment devenir arbitre: quelles études faire? Quel est le salaire d’un arbitre professionnel etc. Pourtant, on compte en France environ 25.000 arbitres de football recensés par la Fédération Française de Football. Un nombre énorme mais nécessaire, car les arbitres sont indispensables au bon fonctionnement du football en général.

Quel métier?

C’est évidemment une activité qu’on ne présente plus. Chaque partie de football, du banal match de district à la finale de la Ligue des Champions, ne pourrait pas avoir lieu sans arbitre. Il dirige la rencontre, veille au bon respect des règles, maintient l’ordre et le rythme dans la partie, etc. Un rôle très exigeant, qui demande de nombreuses années d’entraînement et de pratique pour pouvoir devenir professionnel. Le métier d’arbitre est ainsi à l’image d’un sportif de haut niveau: il faut de l’entraînement et cela nécessite du temps.

■ Les plus: Évidemment, l’avantage principal de la profession d’arbitre est de pouvoir vivre de sa passion, le football en l’occurrence et d’être un acteur majeur d’une rencontre. «Pour les fans de foot c’est génial parce qu’on va dans tous les stades, on vit des émotions particulières… On prend vraiment du plaisir à arbitrer», détaille Alexandre Perreau-Niel, arbitre de Ligue 2 et co-responsable d’une section sportive arbitrage à Auxerre.

Pour l’arbitre international Clément Turpin, qui a notamment arbitré des matches lors de la Coupe du mode 2018, cette profession permet de gagner très rapidement en maturité. «Je pense que les arbitres grandissent plus vite que les autres. Quand vous avez 14 ou 15 ans et que vous êtes confrontés à une gestion de conflit, ça fait aller chercher au fond de soi des choses qu’on n’a sans doute pas. C’est une forme d’affirmation de soi.»

■ Les moins: Comme toute activité sportive, il faut s’entraîner dur pour atteindre le haut niveau, pour progresser, comme nous l’explique Clément Turpin: «Il faut avoir envie de passer un peu de temps pour s’entraîner, il faut prendre du temps pour évoluer.» Autre difficulté à laquelle sont confrontés les arbitres, la critique et la contestation permanente. C’est Clément Turpin, très souvent critiqué sur les réseaux sociaux notamment, qui nous l’a confié. «Être arbitre c’est faire respecter les règles et prendre des décisions, donc on est forcément critiqués. Quand on décide, on est exposés à la critique.»

Plus grave, plusieurs débordements voire agressions ont eu lieu dans des divisions inférieures envers des arbitres, et tout un travail est fait pour éviter au maximum ce genre d’incident, comme l’explique l’arbitre international: «Il y a tout un travail des institutions pour sécuriser au maximum l’activité d’arbitre car, même si ça reste une minorité des cas, il y a trop de débordements qui ne devraient pas exister.»

« Il y a tout un travail des institutions pour sécuriser au maximum l’activité d’arbitre car, même si ça reste une minorité des cas, il y a trop de débordements qui ne devraient pas exister »Clément Turpin, arbitre international français

Quel profil?

Généralement, quand on veut devenir arbitre, c’est qu’on est passionné par le football. Les arbitres sont des amoureux du foot, qui se mettent au service du jeu, des règles, pour veiller au bon déroulement d’un match. Il faut également une bonne condition physique pour pouvoir suivre le rythme du match lorsqu’on est arbitre central. Mais selon Alexandre Perreau-Niel, «il n’y a pas de profil particulier pour devenir arbitre. Tous les jeunes qui sont motivés par l’arbitrage, tout le monde peut y aller.»

« N’importe qui peut se lancer dans l’arbitrage »Alexandre Perreau-Niel, arbitre de football français

Quel bac?

Aucun cursus scolaire n’est rattaché à la profession d’arbitre, le bac n’est donc pas forcément requis. Généralement, les arbitres font leur formation après leurs études, car il est difficile de vivre directement de ce métier. Mais il existe, à l’image des sections sport études, des sections sportives perf arbitrage mises en place dans certains lycées. Selon le site internet de la fédération française de football, 18 lycées proposent cette formation, comme par exemple à Toulouse, Rennes ou encore Strasbourg. Cela permet aux jeunes ayant envie de devenir arbitre de continuer un cursus scolaire normal, tout en se formant à cette profession. Pour entrer dans cette filière, les élèves doivent passer plusieurs tests (théoriques et physiques), ainsi qu’un entretien. Puis, une fois dans cette section, les apprentis arbitres ont environ 6 heures de formation par semaine, que ce soit des séances athlétiques, des séances vidéo ou encore des cours théoriques.

Un cursus qui permet aux élèves de se former pleinement, et d’apprendre cette profession, mais qui n’offre aucun diplôme. «Ces sections apportent un surplus de formation physique, théorique, technique… Mais on ne promet aucune évolution, aucun diplôme. Ce n’est pas le sujet», détaille Clément Turpin. Et cette formation n’est en rien obligatoire, comme le rappelle Alexandre Perreau-Niel: «On n’est pas du tout obligés de passer par une filière arbitrage pour devenir arbitre, il n’y a rien d’obligatoire. N’importe qui peut se lancer dans l’arbitrage.»

Quelles études?

On peut être arbitre à différents niveaux: départemental, régional ou fédéral. Pour devenir arbitre professionnel, et pouvoir officier au plus haut niveau national, il faut passer de nombreux concours et tests pour obtenir la certification qui va avec.

Mais il existe une formation initiale à l’arbitrage, que tout arbitre doit avoir fait, et qui donne un statut officiel. «Elle se déroule sur 3 jours, avec 50% du temps sur le terrain en situation d’arbitrage, et 50% en salle pour des cours théorique», explique Clément Turpin. À l’issue de ces 3 jours, les apprentis arbitres doivent passer un examen théorique sur la maîtrise des lois du jeu, puis arbitrer un vrai match pour terminer sa formation. Enfin, un dernier examen pratique déterminera l’obtention ou non de la certification, et avoir le statut d’arbitre officiel départemental.

Combien coûtent les études?

Il existe plusieurs formations, en fonction des niveaux, qui mènent à l’arbitrage. La formation initiale de 3 jours

« Les arbitres professionnels ont généralement un salaire fixe mensuel ainsi que des primes, tandis qu’aux autres niveaux il y a seulement les primes de match »Clément Turpin, arbitre international français

pour devenir officiellement arbitre, qui se fait au niveau départemental, coûte entre 150 et 200 euros selon les départements. Une formation généralement financée par les clubs. Au niveau des sections sportives d’arbitrage dans les lycées, le coût du cursus et de l’internat est d’environ 1400€ euros par an, même si cela peut différer selon les lycées.

Comment trouver son premier job?

Automatiquement, dès qu’un jeune arbitre a le statut d’arbitre officiel départemental, il sera appelé pour officier lors des rencontres qui correspondent à son niveau. Au fur et à mesure, les arbitres peuvent monter de division, à l’image des clubs. «Il y a trois pôles: départemental, régional et fédéral. À l’intérieur de ces pôles il y a plusieurs divisions, dans lesquelles les arbitres peuvent être promus ou rétrogradés. Et pour passer d’un pôle à l’autre il y a un examen à passer», décortique Clément Turpin. On ne devient pas arbitre professionnel si rapidement, et il faut en moyenne une dizaine d’années pour pouvoir arbitrer en élite (Ligue 1 et Ligue 2).

Quel salaire?

Le salaire d’un arbitre correspond systématiquement au niveau auquel il officie. «Les arbitres professionnels ont généralement un salaire fixe mensuel ainsi que des primes, tandis qu’aux autres niveaux il y a seulement les primes de match», explique Clément Turpin. Généralement, les arbitres sont professionnels à partir de la Ligue 2, donc du niveau Fédérale 2. Un arbitre de Ligue 1 gagne environ 10 000€ bruts par mois, voire plus s’il officie également au niveau international comme le fait Clément Turpin. Les arbitres de National 1 (3ème division) et des divisions inférieures ne vivent pas uniquement de l’arbitrage et ont généralement un métier à côté.

Source : https://etudiant.lefigaro.fr/article/comment-devenir-arbitre-de-football-professionnel_51fc5078-cee8-11e9-865a-f0ac0c7be8e0/